Bienvenue à l’accueil enfants-parents !

Lecture de Marie-Pierre Mansuy
Ouvrage sous la direction de Patricia de Rouvray et Isabelle Alfandary
Éditions Érès, collection 1001 BB, 2017
206 pages

Voici un joli livre présenté par l’équipe de l’Iraec qui nous ouvre grand les portes de son accueil parents-enfants. Ce sont huit textes tissant harmonieusement théorie et histoires singulières rencontrées au fil du quotidien qui nous éclairent sur le travail de cet espace dédié à la parole et à la prévention des troubles de la relation précoce dans un accueil du tout-venant. Un retour sur les pionniers de la psychanalyse d’enfants éclaire le mouvement qui a conduit, en 1976, à la naissance de ces lieux d’accueil.

C’est toujours à la rencontre de dyades enfant/parent ou nourrice - un enfant seul ça n’existe pas disait Winnicott - que l’accueillant s’avance avec la parole comme seul outil et le désir de répondre de sa présence, sans jugement ni parole maternante, sans visée éducative mais avec une écoute toute en délicatesse pour que se dise l’indicible. Lacan affirmait que le langage ne sert pas à communiquer avant tout mais à évoquer. Il ne s’agit pas de donner une réponse directe à la demande supposée mais de permettre que la place de l’enfant émerge dans le discours parental et l’histoire familiale. Les accueillants occupent ainsi une position de tiers et de passeur ; parce que le parent parle et qu’il est entendu, l’enfant, dont le corps est affecté par le langage, est délesté de l’angoisse parentale ; la circulation de la parole crée un espace psychique où il peut devenir un sujet désirant en dehors du fantasme et de la jouissance maternels et dire « Je » pour s’inscrire dans la filiation. Il s’agit d’accueillir la parole qui court dans les dits et les non-dits et se faufile entre les lignes. La fonction du langage et celle du symptôme sont finement exposées et illustrées ainsi que l’inévitable question de la séparation.

Les parents qui poussent la porte de l’Iraec avec leur enfant n’ont pas de demande de prise en charge thérapeutique mais ils sollicitent une écoute et viennent aussi rencontrer d’autres familles dans un espace de socialisation où rencontrer les lois du collectif et occuper sa place d’un parmi d’autres. Dans ce lieu qui a une fonction de cadre contenant se jouent la réassurance narcissique et la capacité d’être seul en présence de l’autre.

La place de parent ne s’acquiert pas d’emblée et une bonne fois pour toute ; l’inscription de l’enfant dans l’histoire transgénérationnelle a besoin parfois d’une écoute et d’un soutien pour permettre les déplacements et réaménagements psychiques nécessaires.