Au local de 15h à 19h30
L’insignifiant, ces choses qui demeurent imperceptibles à l’œil profane, est le propre de l’artiste. A travers les éléments muets : vent, reflet, lumière, il sera réhabilité par l’art contemporain, non seulement comme une allégorie – poétique de la ruine, résistance au progrès et à l’objet marchand, dévoilement de la crise de l’existence – mais encore comme un flux qui s’incorpore au processus esthétique, révélant sa nature instable, évanescente, « fragile » en somme. La fragilité à l’œuvre, qui lutte contre la précarité et la dissémination, trouve d’autre part dans cette condition même une puissance singulière. Comme un grain de poussière, éprouvant la menace d’être à la merci d’un rien, elle se dérobe à toute emprise totalitaire. Elle est comparée au ruban de l’Olympia dont le retrait conduit à la dissolution visuelle, ou encore, à ce brin d’incohérence qui fait dévier tout le système, pour le dire avec Leiris, et sans lequel celui-ci ne peut tenir ; une doublure donc qui trahit la fragilité de l’autre face de la forme.
L’insignifiant est aussi au cœur de l’écoute du psychanalyste qui évide le sens. Il est cet accident qu’il saisit : ratages, lapsus et expressions trébuchantes ouvrant la voie à l’inconscient, dont le statut si fragile sur le plan ontique est éthique, dit Lacan. C’est pourquoi dans le champ de la psychanalyse, la parole introduit l’être du sujet comme une interrogation (« qui suis-je ? »), jamais comme une réponse. Il n’existe pas de réponse à cette question, car il n’y a pas d’être (de substance) du sujet. Ce dernier est sans identité. L’analyse consiste à assumer cela : à se défaire des identifications (dont la fonction consiste à accoutrer le manque d’identité, sans jamais y parvenir) et à s’affranchir des signifiants qui aliènent, amenant le sujet vers un point de « dénuement ».
Durant cette journée d’étude, la voix est donnée aux poètes, artistes et psychanalystes qui parlent, sur un ton chaque fois différent, de la fragilité. la voix est donnée aux poètes, artistes et psychanalystes qui parlent, sur un ton chaque fois différent, de la fragilité
(Discutant : Hervé Bacquet)
15h Sylvie Turpin et Dina Germanos Besson : Introduction
15h30 Bernard Moninot : L’atelier, lieu d’expériences de pensées non fonctionnelles
16h Christian Bonnefoi : De l’atelier à la grotte, La pittura è cosa fragile
16h30 Norbert Hillaire : Instantanés vénitiens
Pause 15 mn
(Discutant : Thierry Lamote)
17h15 Renaud Ego : Cabanes et postes d’affût
17h45 Vannina Micheli-Rechtman : Qu’est-ce que photo- graphier ?
18h15 Dina Germanos Besson : La fragilité de l’interprétation 18h45 Alain Vanier : L’instant fragile
Thierry Lamote : Conclusion