Le printemps est là, aux uns, pour paraphraser Baudelaire, portant la joie, aux autres l’horreur… Depuis le 24 février, le pulsion de mort se déploie à nouveau à grande échelle et chaque jour son bruit assourdissant nous rappelle les mots de Freud dans Warum Krieg ? : « C’est encore la violence, toujours prête à se tourner contre tout individu qui lui résiste ». Plus que n’importe qui, nous savons par notre pratique que la pulsion d’emprise n’en finit pas, ne cesse pas son travail souterrain. En janvier, la revue Essaim publiait un article sur La Jouissance du mal où j’attirais l’attention sur la folie inhérente aux sociétés humaines actuelles dont le goût pour la destruction leur est consubstantiel du simple fait de leur Vérité historique, die historische Wahrheit, c’est-à-dire de la structure de fiction qui les noue comme société : le mythe de la démocratie, né au XVIIIe siècle et qui est absolument étranger à celui qui était à l’œuvre à Athènes, voire à Rome.
Le printemps est là, aux uns, pour paraphraser Baudelaire, portant la joie, aux autres l’horreur… Depuis le 24 février, le pulsion de mort se déploie à nouveau à grande échelle et chaque jour son bruit assourdissant nous rappelle les mots de Freud dans Warum Krieg ? : « C’est encore la violence, toujours prête à se tourner contre tout individu qui lui résiste ». Plus que n’importe qui, nous savons par notre pratique que la pulsion d’emprise n’en finit pas, ne cesse pas son travail souterrain. En janvier, la revue Essaim publiait un article sur La Jouissance du mal où j’attirais l’attention sur la folie inhérente aux sociétés humaines actuelles dont le goût pour la destruction leur est consubstantiel du simple fait de leur Vérité historique, die historische Wahrheit, c’est-à-dire de la structure de fiction qui les noue comme société : le mythe de la démocratie, né au XVIIIe siècle et qui est absolument étranger à celui qui était à l’œuvre à Athènes, voire à Rome. On n’a pas suffisamment réfléchi tant au concept de Vérité historique mis en œuvre par Freud dans le Moïse qu’à celui d’identification au trait unique développé par Freud dans Psychologie collective : il n’y a pas de psychologie individuelle séparée de la psychologie collective, nous n’existons que noué au collectif et pour peu que ce collectif repose tant sur une instance de pouvoir incarnée par Un Seul non limité par une Autorité, ce qui était le cas à Athènes et à Rome, que sur une fiction donnant pour dessein à la société la réalisation d’une supposée Volonté de Puissance, Wille zur Macht, qui en serait l’armature ontologique, et nous voilà confronté à l’horreur qui se répète sous nos yeux depuis le 24 février et qui nous rappelle celle des deux Guerres Mondiales et des guerres de décolonisation : nous « fêtons » ces jours-ci le soixante-dix-septième anniversaire de la libération d’Auschwitz et le soixantième anniversaire des accords d’Évian.
Par la grâce du Zeitgeist, Espace Analytique a organisé ses Journées d’Études des 19 et 20 mars sur cette question : identité et identification : « Qui suis-je? », journées d’une rare qualité et d’une rare intensité, vu les enjeux des temps présents. Encore une fois, Espace Analytique a montré combien la psychanalyse témoigne de ce qui est à l’œuvre dans la réalité psychique de chacun au cours de son travail sur le divan comme dans la vie collective de tous et que c’est une seule et même chose pour le psychanalyste d’accueillir l’énonciation de ses analysants que d’observer les conditions du vivre-ensemble de ses semblables. Nous avons pu entendre de très nombreuses communications articulant ces deux faces de la vie psychique tant à partir des problématiques cliniques contemporaines que des questions sociétales de notre temps ici ou ailleurs puisque de nombreux collègues et amis d’Espace exerçant sous des cieux lointains sont venus nous apporter leurs éclairages. Pour le moins, ces journées ont été une illustration extraordinaire de la proposition de Lacan : « L’inconscient, c’est la politique ».
Pierre Marie Vice-Président d’Espace analytique