Éditorial octobre 2022

Le moment paradoxal de la psychanalyse

La psychanalyse vit un moment paradoxal. D’un côté son élimination du champ de la psychiatrie devient de plus en plus évidente, de l’autre de plus en plus de personnes viennent consulter des psychanalystes pour parler, être écoutés et non pour recevoir des médicaments psychotropes dont ils se méfient.

La dernière décision du Conseil d’État confirmant le caractère central des re- commandations de l’HAS en ce qui concerne les plateformes diagnostiques TND (troubles neurodéveloppementaux) porte un mauvais coup à ceux qui espéraient que le Conseil d’État censurerait l’imposition par la haute administration de la santé d’un discours unique d’orientation comportementaliste, surtout que sa dernière décision avait frappé d’obsolescence ces mêmes recommandations datant de 2012.

On peut craindre que les prochaines recommandations de l’HAS qui sont programmées pour bientôt ne soient qu’une confirmation de celles de 2012 avec quelques ajouts de circonstances mais en plus qu’elles soient opposables à tous les praticiens exerçant dans la pédopsychiatrie.

En effet la dernière décision du Conseil d’État semble faire passer ces recommandations du droit souple au droit commun opposable.

Ce risque est très important quand on sait la tendance réductionniste de l’administration. Verrons nous les recommandations de l’HAS applicables comme un code de procédure pénal ?

Le moment paradoxal de la psychanalyse

La psychanalyse vit un moment paradoxal. D’un côté son élimination du champ de la psychiatrie devient de plus en plus évidente, de l’autre de plus en plus de personnes viennent consulter des psychanalystes pour parler, être écoutés et non pour recevoir des médicaments psychotropes dont ils se méfient.

La dernière décision du Conseil d’État confirmant le caractère central des recommandations de l’HAS en ce qui concerne les plateformes diagnostiques TND (troubles neurodéveloppementaux) porte un mauvais coup à ceux qui espéraient que le Conseil d’État censurerait l’imposition par la haute administration de la santé d’un discours unique d’orientation comportementaliste, surtout que sa dernière décision avait frappé d’obsolescence ces mêmes recommandations datant de 2012.

On peut craindre que les prochaines recommandations de l’HAS qui sont programmées pour bientôt ne soient qu’une confirmation de celles de 2012 avec quelques ajouts de circonstances mais en plus qu’elles soient opposables à tous les praticiens exerçant dans la pédopsychiatrie.

En effet la dernière décision du Conseil d’État semble faire passer ces recommandations du droit souple au droit commun opposable.

Ce risque est très important quand on sait la tendance réductionniste de l’administration. Verrons-nous les recommandations de l’HAS applicables comme un code de procédure pénal ?

Le Conseil d’État a donné un élan à ceux qui dirigent la politique des TND, or de qui s’agit-il ?

Il s’agit d’une oligarchie faite de certains universitaires qui méprisent les cliniciens, de membres d’associations de parents ultras qui répètent en boucle que la présence de la psychanalyse dans la pédopsychiatrie et dans l’université est un scandale, pour justifier leur chasse aux sorcières, un peu comme le faisait à grande échelle Mc Carty, et de certains cercles de la haute administration de la santé mentale qui sont sous influence, donnant le sentiment d’un état partisan promouvant une « science d’état » un peu comme le faisait à grande échelle Lyssenko, et enfin les artisans du pouvoir absolu de la médico-économie.

Pourtant en France nous vivons dans un état de droit où la neutralité de l’administration dans les débats scientifiques fait partie des grands principes du droit.

Pourtant en France la liberté de la recherche est une liberté fondamentale.

Pourtant en France nous avons des partisans de la démocratie sanitaire

J’ai l’espoir que ces grands principes du droit finiront par empêcher la mainmise totale de cette oligarchie sur toute la psychiatrie et sur l’enseignement de psychologie même s’il convient de reconnaître qu’à bien des égards nous avons changé d’époque avec l’advenue du « Tout cérébral », et que bien des psychanalystes refusent, pour de bonnes et de mauvaises raisons mélangées, d’admettre ce changement.

Le moment paradoxal s’affirme dans un marqueur social qui est apparu avec la crise sanitaire. De plus en plus de personnes viennent consulter des psychanalystes pour parler, être écoutés et non pour recevoir des médicaments psychotropes. Ils peuvent à l’occasion demander un diagnostic sans pour autant vouloir recevoir un diagnostic étiologique de nature cérébral, mais plutôt pour mettre un nom sur leur souffrance psychique.

Ces personnes peuvent s’engager dans une cure analytique à l’occasion même si leur demande initiale était bien éloignée d’une demande d’analyse. Le succès incroyable de la série « En thérapie » est une illustration de cet intérêt grandissant pour les « talking cures ».

Alors l’être parlant, pas plus que la souffrance psychique ne peuvent durablement être éliminés de la pratique thérapeutique à laquelle de très nombreux psychanalystes participent.

Jean Clavreul disait que le discours médical avait été mis en place par Hippocrate, mais qu’il avait été éliminé, refoulé pendant de nombreux siècles avant de revenir en force à l’ère moderne.

En sera-t-il de même pour le discours analytique ?

Continuons de travailler, de mener nos recherches, d’utiliser les voies de droit quand c’est nécessaire, en espérant qu’un jour prochain l’homme neuronal et le parlêtre pourront cohabiter dans le champ social et le champ culturel.

Bonne rentrée à toutes et à tous.

Patrick Landman
Secrétaire général